Questions à Marie Christine ARIBART, déléguée syndical central CGT de MONOPRIX

 

Question : Au terme d’un marathon juridique, le Conseil des Prud’hommes de Rennes, Nîmes et de Clermont-Ferrand viennent de rendre des jugements qui donnent raison à l’obstination du syndicat CGT Monoprix et au courage des salariées qui les avaient saisis. Précise nous cela.

 

Réponse : Il y a d’abord la question de la prime d’objectif performance (POP) mise en place de façon unilatérale par la direction générale de Monoprix pour lutter selon elle contre l’absentéisme. Cette prime trimestrielle est attribuée aux salariées, le montant de la POP est calculé par un rapport entre le Chiffre d’Affaire Budgété et le Chiffre d’Affaire réalisé. Si elles ont été absentes pour maladie plus d’1 jours pendant le trimestre ,les salariés ne la perçoivent pas . Les trimestres ou elle est attribuée la prime varie entre 0 euros et 100 euros. Nous nous sommes vite aperçues que la Direction prenait en compte les jours de grève ainsi que les arrêts maladie pour l’attribution de la POP ce qui constitue une discrimination. La direction a refusé d’entendre les protestations de la CGT ne laissant d’autre solution que la saisine des Conseils de Prud’hommes. C’est ce qu’on fait des salariées des magasins de Clermont-Ferrand, Nîmes, et Rennes avec le soutien de la CGT. Cela a donné lieu à un marathon juridique de 4 ans en partant des Prud’hommes puis la  Cour de Cassation puis à nouveau aux Prud’hommes pour une victoire nette, pour tous les dossiers. La Conseil de Rennes condamnant au surplus Monoprix pour résistance abusive.

 

Pour comprendre l’acharnement des salariées il faut savoir qu’une caissière est embauchée à 1498 euros brut pour 35 heures et que la majorité est à temps partiel souvent 24h ou 30h, cela fait des salaires net très inférieurs à 1000 euros, tu ajoutes que les nouveaux contrats de travail répartissent la semaine sur 6 jours ce qui entraîne des frais supplémentaires alors si tu es seule avec un enfant, tout compte y compris la POP. Les salariés ne vivent pas de leur salaire ,ils survivent.

 

Question : Il y a aussi la prime d’ancienneté et le travail de nuit.

 

Réponse : En effet la Cour d’Appel de Rennes a confirmé que Monoprix ne devait pas impacter la prime d’ancienneté dès lors que les salariés avait une baisse de contrat. Cette prime était figé depuis 2000. Ces victoires individuelles devant les juridictions, POP et prime d’ancienneté,  nous voulons maintenant les étendre à tous les salariés et nous allons saisir le TGI pour contraindre la direction.

 

Pour le travail de nuit tout commence 1998 car Monoprix prend la décision de fermer à 22h. Aujourd’hui, les conditions de travail sont dégradées, il y a un manque d’effectif criant dans tous les magasins, à Rennes il faudrait 8 équivalent temps plein en plus. Je n’ai jamais vu un bazar pareil. Il y a de plus en plus d’arrêt de travail et ils sont de plus en plus longs. Ce n’est plus possible de faire toujours plus avec moins de moyens.

 

Un accord est négocié 2006 et un avenant en 2009, «  l’accord et l’avenant est réputé non écrit »la CGT use de son droit d’opposition. En 2013 Monoprix négocie un nouvel accord avec la CFDT, la CFE-CGC,FO. Nous avons fait un droit d’opposition car nous étions une organisation majoritaire ;Monoprix a été condamné lourdement à payer 750 000 euros. En 2016 un nouvel accord qui a été immédiatement signé avec la CFE-CGC et la CFDT  et donc le 7 septembre 2018  la Cour d’Appel de Paris a de nouveau annulé cet accord et interdit sous peine d’astreinte de 30 000 euros d’amende par infraction constaté à l’ensemble des Monoprix de Paris, y compris ceux qui se trouve en Zone Touristique Internationale (ZTI)  de travailler après 21h…..et le comble de cette histoire, la Direction a relancé immédiatement des nouvelles négociations pour un nouvel accord sur le travail de nuit !!!!et sur le travail en soirée dans les ZTI pour éviter ces fermetures .

Alors le travail de nuit c’est toujours NON !

Il va vraiment falloir qu’on se rassemble tous ensemble, ne pas rester isolés Monoprix ici, Carrefour là etc etc, hier j’ai été contacté par des IRP de CORA, ils ont débrayés massivement contre le travail du dimanche. Je suis DSC  depuis 2013 nous rencontrons tous les mêmes problèmes ça ne peut plus durer !. Il ne faut plus rester seul dans son coin.

 

Question : Il y a aussi les menaces sur l’emploi et les acquis.

 

Réponse: Suite à la condamnation sur le travail de nuit, au CCE du mois de juin le PDG Régis SCHULTZ c’est permis de dire « je vais convoquer les organisations syndicales, il va falloir voir comment on va faire pour fermer les magasins » comme si c’était le rôle des syndicats de l’aider à fermer les magasins. En plus il y a la menace pour 90 magasins de passer sous franchise, avec toutes les pertes d’acquis que ça signifie pour les salariés. En fait il y a un sérieux problème d’endettement du groupe Casino, la dette est de 4,1 milliards et donc Monoprix contribue à ce désendettement en vendant les murs de certains magasins. Les salariées ne comptent pas, ce ne sont que des matricules mais nos grands dirigeants oublient que la richesse est crée par le travail des salariés. C’est la même chose qui se passe chez Carrefour, pourquoi pas se battre ensemble.

 

Question : Avec l’attaque du gouvernement sur les retraites on a l’occasion de s’unir public privé pour le bloquer

 

Réponse : la retraite on y arrive et on ne s’y retrouve plus, c’est vrai que c’est une occasion d’y aller tous ensemble, mais c’est pas des journées d’actions comme on fait depuis des années qui suffiront à faire reculer le gouvernement. Nous avons un Président dédaigneux ,avec les salaires de misère que nous avons dans la grande distribution alors quand nous serons en retraite ,notre misère sera encore plus grande.