contribution à la discussion d’un syndicaliste d’Enedis.

Depuis la privatisation d’EDF (août 2004) le prix de l’électricité n’a eu de cesse d’augmenter. Le gouvernement vient de décidé – suivant la proposition de la CRE* – d’augmenter de 5.9% TTC les TVR** d’électricité au 1er juin 2019.

La moitié de cette hausse est liée à l’application de loi NOMĒ*** de 2010 et à l’ARENH****. Cette loi permet aux concurrents d’EDF, (TOTAL, ENGIE, ENI….) un accès privilégié au quart de la production d’électricité nucléaire produite par EDF plafonnée à 100TWh/an. L’ARENH a fixé le prix du Mégawatt à 42€, prix n’a pas évolué depuis 2012.

Mécanique absurde ! Imaginez un constructeur automobile, Peugeot par exemple, obligé par la loi de revendre, en dessous de son prix de construction, le quart de sa production de véhicule à son concurrent Renault pour que ce dernier puissent les revendre à son prix et à son profit. Voilà les conditions absurdes de mise en concurrence décidées par l’État dont l’élément central est l’ARENH.

Au cours de l’année 2018 le prix moyen du mégawatt sur le marché libre était à 60€. Les concurrents d’EDF se sont donc précipités pour bénéficier d’un prix du Mégawatt, via l’ARENH, inférieur au prix du marché de 18€ si bien que le seuil de 100TWh a été largement dépassé (133TWh) mais écrêté à 100TWh. En conséquence les concurrents d’EDF, ont dû pour les 33TWh de différence se fournir au prix de marché.

L’ouverture du marché de l’électricité profite exclusivement aux concurrents d’EDF qui bénéficient d’un droit de tirage de 100TWh/an à un prix très compétitif : 42€/MWh. Droit de tirage qu’ils proposent d’augmenter ou mieux de supprimer le plafond de l’ARENH.

La loi NOMĒ impose que les TVR soient fixés à un niveau qui puisse être contesté – comprenez concurrencé – par eux. En d’autre terme un prix de l’électricité trop bas ne permet pas aux concurrents de s’implanter, de concurrencer l’entreprise historique et de lui prendre des parts de marché. Conséquence pour que la concurrence libre et non faussée ‟fonctionne” il est impératif d’augmenter les tarifs.

L’ouverture du marché de l’électricité profite exclusivement aux concurrents d’EDF, chaque augmentation des tarifs améliore leur implantation en même temps qu’elle augmente leurs profits.

L’augmentation des tarifs réglementés de l’électricité au 1er juin va pénaliser tous les consommateurs résidentiels abonnés au tarif bleu d’EDF, soit 25 millions de foyers, ainsi que 3 millions de petites entreprises. Cette augmentation est estimée à 85 euros par an pour un foyer qui se chauffe à l’électricité.

L’augmentation des tarifs réglementés de l’électricité va fragiliser, d’avantage encore, l’entreprise historique EDF.
La seule logique conforme aux intérêts de la population consiste purement et simplement à renationaliser EDF en une entreprise intégrée : production, transport, distribution.

Cette exigence – renationalisation – se heurte aux directives Européennes et aux règles de concurrence libre et non faussées.
Exiger la renationalisation d’EDF c’est exiger de rompre avec cette Europe, de rompre avec ses institutions.

*CRE : Commission de Régulation de l’Energie
**TVR : Tarif Vente Régulé
***NOMĒ : Nouvelle Organisation du Marché de l’Electricité

****ARENH : Accès REgulé au Nucléaire Historique