Critique du film Grâce à dieu par un adhérant

Grâce à Dieu (Ozon 2019)

Décrit la réaction courageuse, virulente puis organisée des victimes des agissements du prêtre pédophile Preynat dans les années 80- 2000. Le film analyse également la non dénonciation de ces attouchements ou crimes – à voir – par la hiérarchie catholique et en particulier par l’évêque-cardinal de Lyon. Cet évêque appliquait d’ailleurs strictement la doctrine officielle du Vatican jusqu’à ce jour : muter, se taire, éviter les plaintes et couvrir. Cette doctrine est officielle et autorisée en Italie, pas ailleurs ou la dénonciation est obligatoire. L’Église en ne dénonçant pas ces violences (ou crimes) sur mineur par personnes ayant autorité se situe hors de la légalité républicaine.
C’est bien d’en parler et de décrire en détail la souffrance des victimes.

En ce sens un film français qui mord ainsi sur l’actualité et apporte l’ensemble des éléments d’une question qui va bouleverser probablement l’église (on l’espère sans trop y croire) et certainement les rapports entre l’église et la société est un bon film.

Le film oscille entre plusieurs points de vue, le film à thèse, le film purement descriptif, le genre classique américain “le héros contre l’institution”. Grâce à Dieu ne choisit pas et ça donne un film trop long et trop lent : il y du mélo, de mauvaises scènes en flashbacks mettant en scène Preynat jeune, des longueurs ou l’on piétine. Il manque de rythme.

Mais ces réserves stylistiques sont mineures car ce film, interprété par un groupe d’excellents acteurs très bien dirigés (mentions spéciales à Melvil Poupaud, qui joue un catho tradi, et à Swann Alraud, qui en incarnant une victime assez paumée fait penser à Dewaere), est toujours très bien mis en image. Il s’agit donc d’un excellent réquisitoire contre le fait que l’Eglise catholique prétend se situer en dehors de la République. C’est inadmissible. Cela doit cesser.

J.R Kerjean