ENTRETIEN AVEC MARIE CHRISTINE ARIBART

Déléguée syndicale central CGT chez Monoprix

 

Question    En s’appuyant sur la casse du code du travail organisée par le gouvernement Macron et ses prédécesseurs, le patronat de la grande distribution méne une offensive brutale contre l’emploi et les droits des salariés du commerce, licenciements, franchise, travail de nuit ou du dimanche, peux tu nous présenter la situation dans les grands groupes ?

 

Réponse    Les ordonnances Macron publiées après le conseil des ministres du 23 septembre 2017 sont une des plus dévastatrices réformes du code du travail de ces dernières années. Les négociations sur la mise en place des nouvelles institutions représentatives, les CSE (Comité  Sociaux  et Economiques) viennent de se terminer. Avant les ordonnances Macron à Monoprix, dans les établissements de  50 salariés à  74 salarié(e)s ils y avaient 7 délégué(e)s titulaires, maintenant  il y en aura plus que 5. C’est une régression sociale sans précédent.

Quand je constate le taux d’absentéisme qui  est en forte progression, ainsi que le nombre d’accident de travail, la direction va se prendre à son propre piège, elle va se couper véritablement des remontées de terrain.

 

La Direction de Monoprix a vendu  depuis fin 2018, les murs de 81 magasins. Mais la vente des murs ne profite pas à Monoprix, car l’enveloppe d’investissement annuelle 2019 est la même que les années précédentes. Monoprix ne bénéficie pas des fruits de la cession des murs, ce qui signifie que Monoprix est aujourd’hui un important pourvoyeur de fonds pour Casino. Cette Direction fait miroiter à ceux qui veulent l’entendre que la participation  au bénéfice des salarié(e)s sera 2,5 fois supérieure en 2019 mais en 2020 que restera-t-il ?

 

D’ailleurs la suite c’est l’annonce au Comité Central d’Entreprise du passage en franchise d’un tiers des magasins (entre 90 et 100) le danger pour ces salariés, c’est qu’ils vont garder pendant 15 mois au maximum les  acquis Monoprix. Cela a commencé avec les deux premiers magasins. C’est insoutenable pour les salarié(e)s d’être pris en otage pour répondre à l’attente des actionnaires. Nous nous opposons farouchement à ces cessions de passage en franchise, les salarié(e)s ne sont pas à vendre.

Aujourd’hui à Monoprix, comme à Casino notre Direction ne se préoccupe pas des salariés. Leur principale préoccupation, optimisation, rentabilité financière.

 

Pour la négociation annuelle obligatoire (NAO), malgré les bons résultats de Monoprix, la direction a généreusement donné des miettes aux employé(e)s, 1% d’augmentation générale, alors que les salarié(e)s demandent une vraie augmentation de salaire. Le moins que l’on puisse attendre d’une rémunération c’est qu’elle nous permette de vivre dignement et non de survivre.

 

Quand on sait que Monoprix a encaissé plus de 66 millions d’euros d’allégements de cotisations 2018, et ils ont versé 587 millions de dividende à l’actionnaire en 2017et combien en 2018 Monoprix a –t-il versé ? Les  NAO ont été un dialogue de sourds et de chantage de la part de notre direction. La CGT n’a pas pour habitude de céder au chantage !

 

 

Question   Cette offensive  n’appelle t-elle pas une riposte « toutes ensembles » qu’on soit Casino, Carrefour ou d’un autre groupe, quelles sont les difficultés ? Comment y arriver ?

 

Réponse    Le constat que je fais à Monoprix : certaines organisations syndicales sont des organisations patronales, celles- ci ne sont pas là pour défendre les intérêts des salariés.

 

En ce qui concerne la CGT nous faisons des actions dans les Monoprix, récemment au Monoprix Tolbiac, au Monoprix Versailles au Monoprix La Vache noire ou à celui de Fontenay sous-bois pour dénoncer les conditions de travail, et pour les salaires. Nous allons intensifier les actions pour faire comprendre à la direction que nous demandons le partage de la richesse et pas le partage de la pauvreté.

 

Depuis 2006 nous nous battons contre le travail de nuit, nous sommes continuellement devant les tribunaux. En 2014 Monoprix a été condamné  à payer une astreinte de 750 000 euros à la fédération CGT du commerce.

 

Un nouvel arrêt de la Cour d’Appel en date du 7septembre 2018 a de nouveau condamné Monoprix qui a immédiatement refait avec la CFDT et la CFE CGC un nouvel accord sans tenir compte des considérant énoncés par la Cour et nous aurons donc une nouvelle audience le 7 mai 2019.

 

C’est la même chose pour le travail dans les zone touristiques internationales, un accord signé entre la direction et toujours les mêmes CFDT et CFE CGC. Nous contestons cet accord (audience aussi le 7 mai) la direction doit mettre des moyens de transport à la disposition du personnel et en fait l’accord prévoit que les salarié(e)s, qui devront utiliser le moyen de transport le plus économiques seront remboursés, sur note de frais, une fois par mois, ce n’est donc pas une mise à disposition et ce sont les salarié(e)s qui font l’avance, on ne peut pas accepter.

 

Les victoires que nous avons remportées sur ces dossiers montrent que rien n’est impossible. Il est décisif que les salarié(e)s choisissent des représentants qui les défendent. C’est l’enjeu des combats qui viennent et en particulier des élections au CSE qui auront lieu en octobre 2019

Il y a certaines organisations syndicales  qui accompagnent toutes les décisions de nos dirigeants !

Et puis il y a la CGT qui ne permet pas tout !

C’est vrai que nous refusons le travail de nuit et celui du dimanche, mais ne pas tout permettre ne veut pas dire tout refuser.

 


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