Rassemblement de postiers grévistes à Rennes

Que manque-t-il pour gagner sur les revendications ?

Vendredi une centaine de postiers en grève se sont rassemblés à Rennes à l’appel de leurs quatre organisations syndicales (CGT, FO, Sud et CFDT) pour défendre leurs revendications contre la destruction du métier de facteur et la détérioration sans précédent de leurs conditions de travail découlant des réorganisations mises en œuvre par la Poste et le gouvernement.

Venus d’une vingtaine de bureaux d’Ille et Vilaine et des Côtes-d’Armor, mais aussi du Morbihan et du Finistère, les postiers se sont d’abord regroupés à la poste centrale de Rennes pour des prises de parole des organisations syndicales avant de partir en manifestation et la tenue d’une Assemblée générale.

Parmi tous les facteurs présents, tous se félicitent de l’unité réalisée pour ce mouvement de grève, plutôt bien suivi dans de nombreux bureaux, comme celui de la Mézière menacé de fermeture. C’est plus que lors d’une précédente grève le 26 avril. Tous sont unanimes aussi sur les revendications avancées dans l’appel à la grève par les quatre syndicats, notamment le refus des « tournées sacoches », de la pause méridienne obligatoire, mais aussi des îlots, des journées à rallonge et de la précarisation qui découlent de cette nouvelle organisation.

« La baisse du volume de courrier, si tant est qu’elle existe, ne doit pas se faire au détriment du service public et des conditions de travail. Avec ces réorganisations le facteur ne devient plus qu’un distributeur et le métier de facteur est cassé », explique Pascal. «Le nombre de tournées a diminué mais elles sont devenues plus longues, avec des dépassements d’horaires qui atteignent une heure voire une heure et demie parfois », dénonce Laurent venu de Guingamp.

Cette casse du métier de facteur a déjà été à l’origine de nombreuses grèves et de mobilisations en Bretagne et dans toute la France ces derniers mois. Des conflits parfois longs comme ces 132 jours de grève du bureau Crimée à Rennes l’an dernier, qui ont permis parfois de repousser ou d’annuler certains effets des restructurations. Mais elles sont restées isolées, éparpillées et, chacun en est conscient parmi les grévistes, n’ont pas permis jusque-là de faire reculer la Poste et le gouvernement.

« La mobilisation est incontournable. Le mécontentement est partout. Il nous faut préparer dans l’unité les conditions d’un rapport de force et obliger nos fédérations à enclencher un processus national. Tout est possible si nous prenons nos décisions dans l’unité », a lancé à la tribune du rassemblement un responsable CGT.

Comment préparer les conditions d’une grève dans l’unité qui permette de faire prévaloir les revendications ? La question a été au cœur de plusieurs interventions lors de l’assemblée générale, malgré les tentatives de division qui n’ont pas manqué. « Il faut que la grève soit utile et efficace. Notre AG doit être l’occasion de faire des propositions dans ce sens et de les voter », a déclaré Alan.

«La mobilisation d’aujourd’hui ne suffit pas, il faut que nous soyons tous ensemble dans l’action, donner des perspectives collectives de mobilisation et donc décider ici ce que l’on fait », a renchéri Philippe.

Un appel des salariés grévistes à l’ensemble de leurs collègues, recensant les bureaux représentés et rappelant que l’unité des facteurs et de l’ensemble des syndicats sur les revendications est la clé pour gagner, a été suggéré. Un appel qui permettrait d’engager la discussion, de poursuivre la mobilisation et de s’adresser aux fédérations syndicales pour qu’elles appellent ensemble à la grève. Ne serait-ce pas en effet la voie à suivre ? Correspondant TT