interview de Mickael, syndicaliste à PSA

Comment se passe la reprise du travail à l’usine ?

Avant le confinement, l’usine tournait en 4 équipes, 2 X 8 et l’équipe de nuit en semaine et une équipe le week end. En ce moment nous sommes en 2 X 8. La direction va mettre en place l’équipe de nuit en septembre.
1000 intérimaires ont été foutu à la porte, parmi eux il y avait environ 150 en CD2I dont on n’a pas de nouvelles et qui doivent être dans d’autres secteurs de l’industrie et dans un rayon de 50km voire 1h30 de trajet autour de Rennes.

Dans certains ateliers il y avait plus d’intérimaires que de gars en CDI.
Aujourd’hui la direction a fait venir des salariés des usines de Poissy, Mulhouse et même quelques- uns de Saragosse.
C’est une flexibilité totale de l’emploi qui s’installe, les salariés des différentes usines sont mis en concurrence.
Pour la direction de PSA ce qui compte c’est le taux d’utilisation des usines, ils appellent ça le taux Harbour, plus ce taux est élevé plus les voitures qui sortent sont rentables.

C’est aussi la flexibilité de l’horaire

Exactement, en juillet on fait une demi-heure supplémentaire par jour et on travaille deux samedis plus le 14 juillet, mais exceptionnellement tout est payé (sauf les pauses) dans le mois donc les salariés acceptent parce qu’ils ont besoin d’argent. En mars et avril la paie a été maintenue contre une retenue de 1 jour de congés pour les ouvriers et Tam, 2 jours pour les cadres et en mai on a eu le chômage partiel avec 84 % du salaire ça ne fait pas beaucoup pour les petits salaires. On a appelé à débrayé pour le 14 juillet et les 2 samedis, les réactions sont mitigées mais la direction a fait venir des renforts de l’équipe qui ne travaillait pas samedi 11 juillet.

Par contre on nous a demandé de faire une heure supplémentaire de rangement et de balayage pour la visite d’un ponte et là il y a eu un large refus.
Progressivement les cadences augmentent en 3 semaines on est à 33 voitures en plus par jour pour revenir à des cadences très élevées.

Nous menons une campagne pour l’unité pour l’interdiction des licenciements, 400 milliards ont été versés au banques suite à un vote unanime à l’Assemblée Nationale, qu’en penses-tu ?

PSA a reçu 700 millions des banques lors de la crise précédente, des licenciements chez Renault, Sanofi c’est aberrant, là où il y a des dividendes versés les licenciements doivent être automatiquement interdits. C’est différent si tu parles d’un resto ouvrier par exemple ou le patron a une dizaine de salariés et bosse avec eux. Lui n’a pas le droit mêmes aides que les gros patrons !

Le système capitaliste est en crise, il ne fait que repousser l’échéance, c’est une stratégie court termiste. Si la classe ouvrière est sauvée, les banques sont sauvées. Les milliards c’est pour les EPAHD, les hôpitaux qu’il faut les verser mais aussi pour augmenter les petits salaires.
La société vit à crédit, à La Janais on fabrique des voitures à 30 000 euros, à Mulhouse la DS7 c’est au moins 40 000. Ils inventent des nouvelles formes de crédit (location longue durée) ça ne peut durer indéfiniment.

Ce gouvernement n’a plus honte de rien. Il ne représente pas la population. Il n’y a qu’à voir l’abstention aux élections municipales.

Jeudi 9 juillet: manifestation des Dockers à Saint-Malo

En soutien aux 32 dockers de la SMM (Saint-Malo manutention) licenciés après la liquidation sans reprise d’activité de l’entreprise, 300    dockers de tous les ports de France sont venus manifester à Saint-Malo à l’appel de la Fédération CGT des ports et docks. Le même jour, dans tous les ports, les dockers étaient appelés à débrayer 3 heures par la fédération CGT des ports et docks. Ils étaient venus de Brest, de Lorient, de Roscoff, de Nantes, de Saint-Nazaire, du Havre, de Ouistreham, de Rouen, de Calais, de Dunkerque, de La Rochelle, de Bordeaux, de Fos-sur-Mer, de Marseille. Au rythme de leurs tambours, en tête de la manifestation, les dockers ont montré leur détermination de ne pas voir leur 32 camarades de Saint-Malo isolés.

” les dockers, c’est une grande famille” explique un ancien responsable syndical de Lorient, ” on travaille tous pour les mêmes entreprises, le groupe Kuhn. Ils profitent de la crise pour remplacer les emplois sous statut par du travail précaire”.

“Enormément d’argent public a été donné au patronat et ils se servent du COVID  pour s’en prendre aux acquis et faire du chantage à l’emploi “explique une syndicaliste du port de Rouen, “la France est le pays qui redistribue le plus de dividendes aux actionnaires. 32 salariés licenciés, c’est 32 familles sacrifiées à cause d’une mauvaise gestion de l’employeur la SMM, on ne peut pas accepter!”.

Un camarade a fait circuler l’appel pour l’interdiction des licenciements dans la manifestation, 106 signatures ont été recueillies!