La situation à l’hôpital public


Témoignages de Nathalie infirmière et Lionel plombier –chauffagiste au CHU de Rennes

 Tu es infirmière au CHU de Rennes. Peux-tu nous parler des lits d’hospitalisations après les restructurations des derniers mois, dernières années, par exemple en pneumologie, neurologie ou ailleurs ?

Depuis de nombreuses années, la mode est à créer des lits ambulatoires, donc des places, ce ne sont plus des lits d’hospitalisation. Par exemple en pneumologie, en 2017, tous les lits d’hospitalisation de semaine et lits d’hospitalisation complète (14 lits au total) ont été transformé en places ambulatoires et pour augmenter le nombre de bureaux médicaux. Cette transformation est économique puisque cela permet de supprimer le personnel de nuit et aussi de jour car il y a moins de soins (pas de toilettes, pas de petit-déjeuner et les patients qui viennent de chez eux sont plus autonomes). Les résultats sont :

1. moins de personnel mais une charge de travail énorme, car les patients qui sont hospitalisés sont de fait plus « lourds » en soins car les « plus autonomes » sont renvoyés chez eux.

2. Les médecins sont obligés de « trier » les patients en attente d’hospitalisation car il n’y a pas assez de places, il y a une liste d’attente …

3. Il y a moins de lits d’hospitalisation en aval pour les urgences d’où l’engorgement des urgences. Ce n’est pas la « bobologie » qui engorge les urgences mais bien des patients qui sont en attente d’hospitalisation

Ce qui s’est passé en 2017 en pneumologie, ça s’est passé dans de nombreux services.

Le covid et les protocoles de prise en charge ont-ils une incidence sur la charge de travail dans les services ?

La charge de travail est plus lourde car quand un patient est testé on doit prendre les mêmes mesures que s’il était positif en attendant la réponse. De plus il faut suppléer à l’absence des familles qui sont un relai au niveau psychologique pour les patients.

 Tu travailles dans les services techniques de l’hôpital, peux-tu nous dire comment ont évolué les effectifs et conditions de travail ces dernières années, ces derniers mois ?

Je travaille comme Plombier/Chauffagiste au CHU de Rennes et depuis plusieurs années maintenant nous travaillons en sous-effectif (-3 sur un total de 12 professionnels).Les autres services supports de l’établissement travaillent également en sous-effectif de manière chronique ce qui engendre une surcharge de travail permanente. Depuis cet été, la direction du CHU a enfin décidé de revaloriser les salaires pour les nouveaux arrivants afin d’être plus attractif. Depuis, nous avons retrouvé un effectif complet !

La crise COVID y a également fortement contribué. En effet, avec le confinement et l’arrêt des chantiers sur les différents sites, les services Techniques de l’Hôpital ont été plus que jamais mis à contribution.

Il y avait eu un mouvement des ouvriers professionnels pour une vraie reconnaissance de leurs qualifications il y a quelques années. Peux-tu nous dire ou on en est Aujourd’hui sur cette question ?

Il y a 2 ans et demi, nous avions entamé un mouvement suite à la fusion de deux grilles chez les Ouvriers (PPCR).Il s’agissait de faire reconnaitre nos compétences professionnelles et nos diplômes. Le résultat est à ce jour mitigé car, oui, nous avons obtenu le remplacement de 1 pour 1 lors des départs en retraite. Il y a maintenant un recrutement qui s’opère avec une véritable négociation salariale pour tous les nouveaux arrivants. Par contre, nous sommes toujours en lutte afin d’être nommé Technicien Hospitalier. Ce statut serait une véritable reconnaissance de nos qualifications.

Quelles conséquences a eu l’épidémie de Covid sur vos conditions de travail ?

Nos conditions de travail ont été bouleversées pour faire face à cette crise sanitaire. Alors que nous étions déjà en sous-effectif, tous les services techniques ont dû travailler par roulement et à 50% des effectifs afin de limiter la transmission du Virus. Cette période a été très difficile et très éprouvante car, assurer la maintenance des 4 sites du CHU avec si peu de personnels n’a pas été de tout repos.

Pour terminer, je dirais que Le côté positif de cette crise a été de voir que les équipes soignantes et les équipes supports se sont serrées les coudes ensemble. Maintenant nous attendons du gouvernement qu’il mette en œuvre une vraie politique de santé et des moyens pour l’Hôpital.

Correspondant.

Interview de Kireg, syndiqué Solidaires Étudiants à Rennes 2

Quelle est la situation à la fac ?

Il y a un mélange d’attente et d’anxiété de la part des étudiants. La présidence de l’université distribue des masques jetables pour les étudiants, du gel et des masques aux associations. Les étudiants sont invités à manger à l’extérieur, ça pose une question de coût pour beaucoup (le repas au Resto U est à 3,30€, 1€ pour les boursiers). Les restos U sont fermés et on ne sait pas quand ils vont rouvrir, on ne peut donc pas avoir de repas chaud sur le campus.

Pour l’instant il n’y a pas beaucoup d’étudiants on ne sait pas ce que ça va donner quand la rentrée va être effective.
On nous annonce des cours en distanciel, on peut comprendre vu la situation sanitaire, mais il y a du stress. Dans ma section il y a eu du décrochage pendant le confinement. Certains profs envoyaient les cours en PDF, d’autres faisaient des visio conférence pour maintenir un lien social. Et puis les cours en distanciel ce n’est pas possible quand les connexions wi fi comme dans les cités U ou que le coût de

l’ abonnement vraiment fiable est trop cher pour une majorité d’étudiants. Cette année certaines notes n’ont pas été prises en compte pour sauver l’année….
Par ailleurs on ne veut pas que les cours en distanciel se généralisent, que ce soit un prétexte pour supprimer des cours.

On sait que les TD vont être en présentiel, comment cela va-t-il se passer ? Les salles sont petites. Il y a des inquiétudes en cette rentrée, les étudiants ne veulent pas contaminer les personnes à risques.

Quelles sont vos revendications ?

La question de la précarité étudiante est centrale. Il y a eu une prise de conscience avec le suicide de l’étudiant de Lyon l’année dernière. Avant on intériorisait, on se disait que cette précarité était un passage obligé dans notre vie.
Et puis pendant le confinement beaucoup d’étudiants se sont sentis abandonnés. Dans les cités U certains ont eu faim. Le secours populaire a dû livrer des repas. La présidence de l’université a décidé une aide de 50€ et a été débordée par l’afflux inattendu des demandes. Beaucoup d’étudiants qui travaillent pour payer leurs études sont sur des contrats précaires et n’ont pas eu le droit au chômage partiel.

Aujourd’hui il y a un refus très large de cette précarité.
Cette rentrée nous demandons 100 repas gratuits pour les étudiants boursiers, nous ne voulons pas que le tarif réduit entraîne une augmentation du prix du ticket.
Nous demandons que le calcul des bourses ne se fasse pas sur les revenus des parents mais sur l’aide effective que reçoit l’étudiant. Sur le long terme nous revendiquons le salaire étudiant comme travailleur en formation.
Nous demandons aussi que le 1/3 payant soit pris en charge à 100%. Selon une étude de la MGEN 43% des étudiants renoncent à se soigner faute de moyens.
Nous demandons des places en crèche en nombre suffisant pour les étudiants comme pour le personnel et c’est loin d’être le cas.
Nous voulons aussi la suppression de la Contribution à la Vie étudiante (CVEC) mise en place par le gouvernement Macron, qui est de 92€ et qui de fait est une augmentation déguisée des frais d’inscription. Il y a la question du logement étudiant. Nous faisons du porte à porte dans les cités U certains sont vétustes voire délabrées (fissures dans les murs, infiltration d’eau…) j’ai déjà parlé des connexions internet défaillantes et la situation n’est souvent pas meilleures dans le logement privé. Il faut un plan de rénovation des cités U qui aussi permette l’accès aux handicapés ce qui n’est pas le cas maintenant. Nous avons aussi demandé la distribution de masques transparents absolument nécessaires pour les étudiants malentendants.
La rentrée des premières années c’est lundi 28 septembre. On va voir comment ça se passe pour les inscriptions.

PS : les RU sont finalement ouverts pour la rentrée des 1ères années