Interview de Kireg, syndiqué Solidaires Étudiants à Rennes 2

Quelle est la situation à la fac ?

Il y a un mélange d’attente et d’anxiété de la part des étudiants. La présidence de l’université distribue des masques jetables pour les étudiants, du gel et des masques aux associations. Les étudiants sont invités à manger à l’extérieur, ça pose une question de coût pour beaucoup (le repas au Resto U est à 3,30€, 1€ pour les boursiers). Les restos U sont fermés et on ne sait pas quand ils vont rouvrir, on ne peut donc pas avoir de repas chaud sur le campus.

Pour l’instant il n’y a pas beaucoup d’étudiants on ne sait pas ce que ça va donner quand la rentrée va être effective.
On nous annonce des cours en distanciel, on peut comprendre vu la situation sanitaire, mais il y a du stress. Dans ma section il y a eu du décrochage pendant le confinement. Certains profs envoyaient les cours en PDF, d’autres faisaient des visio conférence pour maintenir un lien social. Et puis les cours en distanciel ce n’est pas possible quand les connexions wi fi comme dans les cités U ou que le coût de

l’ abonnement vraiment fiable est trop cher pour une majorité d’étudiants. Cette année certaines notes n’ont pas été prises en compte pour sauver l’année….
Par ailleurs on ne veut pas que les cours en distanciel se généralisent, que ce soit un prétexte pour supprimer des cours.

On sait que les TD vont être en présentiel, comment cela va-t-il se passer ? Les salles sont petites. Il y a des inquiétudes en cette rentrée, les étudiants ne veulent pas contaminer les personnes à risques.

Quelles sont vos revendications ?

La question de la précarité étudiante est centrale. Il y a eu une prise de conscience avec le suicide de l’étudiant de Lyon l’année dernière. Avant on intériorisait, on se disait que cette précarité était un passage obligé dans notre vie.
Et puis pendant le confinement beaucoup d’étudiants se sont sentis abandonnés. Dans les cités U certains ont eu faim. Le secours populaire a dû livrer des repas. La présidence de l’université a décidé une aide de 50€ et a été débordée par l’afflux inattendu des demandes. Beaucoup d’étudiants qui travaillent pour payer leurs études sont sur des contrats précaires et n’ont pas eu le droit au chômage partiel.

Aujourd’hui il y a un refus très large de cette précarité.
Cette rentrée nous demandons 100 repas gratuits pour les étudiants boursiers, nous ne voulons pas que le tarif réduit entraîne une augmentation du prix du ticket.
Nous demandons que le calcul des bourses ne se fasse pas sur les revenus des parents mais sur l’aide effective que reçoit l’étudiant. Sur le long terme nous revendiquons le salaire étudiant comme travailleur en formation.
Nous demandons aussi que le 1/3 payant soit pris en charge à 100%. Selon une étude de la MGEN 43% des étudiants renoncent à se soigner faute de moyens.
Nous demandons des places en crèche en nombre suffisant pour les étudiants comme pour le personnel et c’est loin d’être le cas.
Nous voulons aussi la suppression de la Contribution à la Vie étudiante (CVEC) mise en place par le gouvernement Macron, qui est de 92€ et qui de fait est une augmentation déguisée des frais d’inscription. Il y a la question du logement étudiant. Nous faisons du porte à porte dans les cités U certains sont vétustes voire délabrées (fissures dans les murs, infiltration d’eau…) j’ai déjà parlé des connexions internet défaillantes et la situation n’est souvent pas meilleures dans le logement privé. Il faut un plan de rénovation des cités U qui aussi permette l’accès aux handicapés ce qui n’est pas le cas maintenant. Nous avons aussi demandé la distribution de masques transparents absolument nécessaires pour les étudiants malentendants.
La rentrée des premières années c’est lundi 28 septembre. On va voir comment ça se passe pour les inscriptions.

PS : les RU sont finalement ouverts pour la rentrée des 1ères années