NON AUX 1607h LE COMBAT NE FAIT QUE COMMENCER

Questions à 5 salariés EHPAD Ville de Rennes

Question 1: Comme dans toute la France, les employés communaux de la ville de Rennes sont engagés dans la  bataille contre l’augmentation du temps de travail en application de la loi Dussopt. Peux tu faire le point sur la situation aujourd’hui ?

Suite à la loi de Réforme de la Fonction publique de 2019, le gouvernement impose aux collectivités territoriales un alignement annuel du temps de travail à 1607 h. 

Sous prétexte de mettre tous les agents de la Fonction Publique Territoriale à égalité, cette réforme ne prend pas en compte les disparités en terme précisément de conditions de travail.

A la ville de Rennes, un mouvement de contestation a été initié par des agents des bibliothèques, suivis d’autres corps de métiers, et notamment dans le domaine de la santé.

Un préavis de grève est déposé jusqu’au 30 juin 2021 à l’initiative d’une délégation intersyndicale (FO, CGT, SUD, UNSA… Exceptée la CFDT).

Je suis Aide-Soignante en EHPAD, et comme mes collègues du SSIAD, nous sommes concernés par la suppression du Repos Compensateur (suite au week-end travaillé) soit 24 jours par an, et par la suppression de 3,5 jours de congés exceptionnels.

Soit 27.5 jours par an.

A ce jour, les représentants du CCAS et de la DPAg (Direction des Personnes Agées) ne veulent pas entendre nos revendications (maintien des Repos Compensateurs) et proposent une réorganisation effective de nos plannings à compter du 01 Septembre 2022.

 

Question 2: Les tracts syndicaux font  état de revendications de contre-parties à l’allongement du temps de travail, plutôt que d’annuler complètement cet allongement. Qu’en penses-tu ?

Depuis que je travaille comme Aide-Soignante à la ville de Rennes, j’ai constaté que de nombreux collègues ont fait le choix du temps partiel, principalement à cause de la charge de travail.

Les contreparties à l’allongement du temps de travail proposées par notre hiérarchie sont 2 primes :

  • 15 euros / par samedi travaillé
  • 100 euros bruts / dimanche travaillé.  
  • 7 jours de RTT (fort probablement imposés et non choisis)
  • 7 jours pour compenser la pénibilité du métier (A savoir que n’est reconnu pénible que le métier d’Aide-Soignant, et pas ceux d’Infirmiers, ni d’Agents de Restauration…)

Il est certain que ces mesures (encore floues pour la plupart) sont loin de compenser la fatigue entraînée par notre engagement professionnel et nos horaires (coupures sur 12 h, une à 3 fois /mois, horaires de nuit, etc.).

La réduction du temps de travail est selon moi, une solution raisonnable, si nous voulons garantir une qualité des soins et rendre attractifs nos métiers.

Récemment, la crise sanitaire (nous avons souffert d’un cluster en début d’année à l’EHPAD où je travaille) a montré à quel point il est difficile de recruter du personnel compétent pour nous remplacer.

Question 3: Les salariées travaillant le week-end, en EHPAD par exemple, sont confrontées à d’autres remises en cause concernant le travail le samedi et dimanche. Peux-tu en dire un mot ?

Nous travaillons toujours en effectifs réduits les samedi-dimanche et fériés (par exemple, 3 postes d’AS en coupures et donc 3 postes d’AS en moins… Un seul Infirmier les dimanche et fériés en horaire de coupure aussi). 

Pour moi, il s’agit déjà d’une institutionnalisation de la maltraitance. Pourquoi nos Personnes Agées n’auraient-elles pas le droit les week-end et fériés à autant de soins qu’en semaine ?

La réforme actuelle conduit enfin à une régression du Code du travail à travers la non reconnaissance du travail le dimanche.